Un drapeau européen (Crédits: Adobe Stock)
Comme à chaque fin d'année, la croissance anticipée pour l'année qui va commencer séduit les investisseurs et justifie d'investir sur le marché des actions. Il est vrai que le fondement de la valeur des entreprises est leur capacité à générer une croissance à long terme, par l'exploitation de leurs actifs actuels, matériels ou immatériels.
Pourtant, les révisions de bénéfices ont très souvent tendance à rogner la croissance prévue avant le début de l'exercice de prévision. Il en a été ainsi notamment en Europe, au cours des derniers exercices, au point que la croissance anticipée initialement s'est réduite jusqu'à disparaitre totalement.
2025 ne fait pas exception à cette règle : aujourd'hui, la variation des bénéfices de l'année en cours est quasiment nulle (+0,9% pour l'Euro Stoxx, -0,4% pour le Stoxx 600). L'année dernière à pareille époque, les croissances anticipées atteignaient 9%... L'année précédente, 2024, nous avait réservé le même traitement : la croissance finale avait été négative de 1,5% pour l'Euro Stoxx, alors que les prévisions initiales laissaient imaginer une hausse de 6% en novembre 2023.
Autant dire que les bénéfices européens stagnent depuis 3 ans, depuis le rebond qui a suivi la crise sanitaire de 2020-2021. Aujourd'hui, le consensus des analystes persiste et signe : la croissance anticipée pour 2026 est de 12% pour le Stoxx, et de 15% pour l'Euro Stoxx.
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Evidemment nous nous posons la question de la fiabilité de cette prévision de croissance à deux chiffres. En quoi est-elle plus fiable que les années précédente ?
Le contexte économique de l'année qui va commencer n'est pas particulièrement favorable. Aux USA, la croissance du PIB devrait se situer un peu en dessous de 2%, comme en 2025, en dessous de la croissance à 3% à laquelle l'économie américaine est habituée...En Europe, la situation de l'Allemagne est compliquée, puisque la récession marque l'économie germanique depuis 2023 (-0,7% en 2023, -0,5% en 2024, et un petit 0,3% cette année).
L'année prochaine, en revanche, devrait voir une reprise significative, tirée par une forte hausse de la dépense publique, pour financer un effort d'investissement dans les infrastructures et la défense nationale. En France, la résilience de 2025, confirmée par la bonne surprise du troisième trimestre 2025 (+0,5%), devrait etre suivie par un coup d'arrêt, en raison de l'incertitude politique du moment et de la mise en œuvre d'une politique de diminution des déficits publics.
Le contenu sectoriel de la croissance offre une grande place aux secteurs de la finance et de l'automobile, qui devraient ensemble contribuer à près de la moitié de la hausse des profits en 2026.
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
(Le secteur « Consumer Durables » comprend le secteur automobile)
La rentabilité du secteur bancaire continue à fortement progresser, après les années de vaches maigres, de la période de taux très bas ou négatifs (2015-2022). Par exemple, les bénéfices cumulés des financières du Stoxx 600 devraient atteindre plus de 325 Mds€ en 2026, vs 168Mds€ en 2019 et 70Mds en 2012. Quant au secteur de la consommation durable (essentiellement le secteur automobile), le niveau de ses bénéfices devrait plus que doubler, à 56,5Mds€, après une année 2025 très défavorable..
Ce niveau est peu différent des profits réalisés au titre des exercices 2012 et 2017, les deux derniers hauts de cycle. Dans les deux cas (finance et automobile) le rebond des bénéfices semble relativement fiable, sauf en cas de retour en récession profonde, qui ferait chuter les taux d'intérêt et le marché automobile...
Un autre facteur est l'évolution de la productivité des entreprises. En l'absence d'une impulsion significative de la croissance économique, seuls les gains de productivité peuvent relancer les profits via la hausse des marges. Or, les investissements en Intelligence Artificielle sont de nature à augmenter sensiblement l'efficacité des entreprises. Peut on imaginer dès l'année prochaine des retombées favorables sur les bénéfiques des entreprises, en raison des investissements consentis en 2025 dans ces novelles technologies ? Cela ne nous semble pas impossible, au vu des performances étonnantes des nouveaux outils d'Intelligence Artificielle.
L'évolution des taux de change est aussi un paramètre majeur pour comprendre les révisions de bénéfice. En 2025, la force de l'euro (plus de 10% de progression) explique en grande partie l'abaissement de la croissance des profits de entreprises.
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Source : Factset et Phiadvisor Valquant
Naturellement, il est très difficile de formuler une prévision de taux de change pour 2026 ; ce paramètre majeur demeure hautement imprévisible... Mais la poursuite de la baisse du dollar, qui constitue un des objectifs de Donald Trump, serait bien sur une mauvaise nouvelle pour les entreprises.
Au total, la dynamique actuelle des marchés est justifiée par les anticipations de croissance de bénéfices des entreprises. Celles-ci nous semblent plus crédibles que celles des années antérieures.
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